Exploitation d’un stand au sein d’un supermarché

Une société exploitant un supermarché U a mis à disposition d’une autre société, par le biais d’une convention de concession commerciale, un emplacement ainsi que divers matériels pour l’exploitation d’une activité de poissonnerie, pour une durée ferme et irrévocable de 9 ans renouvelable ensuite tacitement par périodes de trois ans. La convention devait entrer en vigueur le 1er février 2008.

La société exploitant le supermarché mettait au surplus à la disposition de l’exploitant de la poissonnerie, l’eau, l’électricité, le chauffage, prenait en charge l’entretien et la maintenance du matériel. Elle gérait également l’encaissement des ventes, reversant le chiffre d’affaires journalier le lendemain, après contrôle. L’exploitant de la poissonnerie prenant à sa charge le matériel de commercialisation des produits, les frais de personnel liés à l’exploitation directe de la concession, les achats de matière première, les produits de commercialisation et la publicité, la politique promotionnelle et de communication devant être définie en concertation.

Moins d’un an et demi après l’entrée en vigueur de cette convention, la société exploitant le rayon poissonnerie informe par email la société exploitant le supermarché qu’elle fermerait le rayon poissonnerie à compter du 1er août 2009. Un contentieux naît de ce fait entre les parties sur l’application de la convention : l’exploitant de la poissonnerie souhaitant mettre un terme anticipé à la convention, l’exploitant du supermarché souhaitant qu’elle soit exécutée.

L’exploitant de la poissonnerie a alors fermé son rayon le lundi, alors que le supermarché était ouvert, et fermait son rayon avant les horaires de fermeture du supermarché. 
La Cour considère qu’en modifiant son comportement initial, en limitant la durée de son activité commerciale et l’achalandage de son rayon dans l’enceinte du supermarché, l’exploitant de la poissonnerie a exécuté de mauvaise-foi le contrat de concession, dont elle avait parfaitement pris la mesure initialement, et a ainsi violé les articles 1134 et 1135 du Code civil. 

La résiliation ayant mis fin à une exploitation déficitaire n’a pas causé de préjudice financier lié directement à l’activité mais a eu pour conséquence la reprise de deux contrats de travail par le supermarché, en application de l’article 1224-1 du code du travail. Les deux salariés ne souhaitant pas travailler avec le supermarché ont été licenciés. L’exploitant de la poissonnerie est donc condamné à indemniser le supermarché de ces coûts.

Cette décision vient illustrer tout d’abord l’importance que les tribunaux accordent de plus en plus à la bonne foi dans l’exécution dans les contrats. La décision ne mentionne en effet pas de manquement à une obligation spécifique à la convention de concession. L’exploitation au sein du supermarché impliquait une concertation et impliquait de fait des sujétions liées à l’intégration dans l’exploitation de ce dernier.

En modifiant son comportement pour tenter d’obtenir la résiliation anticipée du contrat, il a donc agit de mauvaise foi. La résiliation lui est alors imputable et il doit en assumer les conséquences.

En second lieu elle vient illustrer une jurisprudence bien établie selon laquelle les exploitants de commerce inclus n’ont pas nécessairement de fonds de commerce propre dans la mesure où ils ne disposent pas de clientèle propre, a fortiori lorsqu’ils ne disposent pas d’autonomie de gestion. Des décisions dans ce sens ont ainsi été régulièrement rendues pour les titulaires d’emplacements de vente dans des supermarchés.
L’absence de fonds de commerce fait également que les exploitants de ces emplacements de vente dans des supermarchés ne peuvent bénéficier de la propriété commerciale. C’est pour cela que la convention conclue n’était pas un bail commercial mais une « concession ». 

Décision de la Cour d’Appel de Colmar, 1ère Ch. Civ. 7 octobre 2015, RG : 1 A 13/02391.

Découvrez nos services et outils associés

Gérer_votre_réseau_de_distribution

Réseaux de distribution, Concurrence

Audit de contrat de distribution

Vous souhaitez : 

- améliorer la performance de vos contrats de distribution et les confronter aux bonnes pratiques du marché ; 
- acheter un réseau de distribution et jauger les risques et les opportunités liées aux contrats de distribution en vigueur. 

Nous réalisons un audit de votre contrat de distribution.

Vous souhaitez : 

- améliorer la performance de vos contrats de distribution et les confronter aux bonnes pratiques du marché ; 
- acheter un réseau de distribution et jauger les risques et les opportunités liées aux contrats de distribution en vigueur. 

Nous réalisons un audit de votre contrat de distribution.

Et les ressources sur le même thème : "Contrat de concession commerciale"

Réseaux de distribution, Concurrence

Violation d’une clause de non-concurrence pour prise de contact avec un concurrent

Viole la clause de non-concurrence prévue au contrat le concessionnaire entré en contact avec un concurrent avant le terme dudit contrat.  « Cachez cette clause de non-concurrence que je ne saurais voir », ou plutôt, au regard des faits de l’espèce « cachez ces tracteurs que je ne saurais vo…

Réseaux de distribution, Concurrence

Le concédant qui ne fait pas respecter l’exclusivité territoriale de ses concessionnaires engage sa responsabilité contractuelle

Il appartient au concédant de faire respecter l’exclusivité territoriale consentie à ses concessionnaires dès qu’il a connaissance d’une atteinte portée à celle-ci par l’un des membres du réseau.   L’exclusivité territoriale consentie au concessionnaire constitue l’une des clauses essentiell…

Réseaux de distribution, Concurrence

Résiliation d'un contrat conformément à la clause résolutoire (CA Colmar, 10 juin 2015 n°14/05664)

Un Concédant résilie un contrat de concession exclusive, selon les termes de clause résolutoire stipulée au contrat, après une mise en demeure du concessionnaire, restée infructueuse dans un délai de 30 jours, de payer les sommes dues en exécution du contrat et de mettre fin à divers manquem…

Réseaux de distribution, Concurrence

Exécution loyale du contrat de concession exclusive par le concédant (CA Orléans, 18 juin 2015, n°14/03001)

Un concessionnaire assigne son concédant en paiement de dommages et intérêts notamment pour manquement à son obligation de loyauté pendant l’exécution du contrat au motif que le concédant aurait refusé qu’il passe des commandes de stocks, qu’il n’aurait pas mis à sa disposition des matériels…

Contactez nos avocats

Premier rendez-vous de qualification de besoin gratuit