Bien nettement personnalisé et droit de rétractation pour un site web
Par un arrêt du 17 octobre 2024, la Cour d’appel de Douai s’est prononcée sur la notion de bien nettement personnalisé appliqué à un site internet s’agissant du bénéfice du droit de rétractation.
Un litige autour du droit de rétractation dans la création d’un site internet
En l’espèce, un prestataire démarche une société spécialisée dans le remorquage de véhicules – intervenant à titre non professionnel – afin de l’accompagner dans le cadre de la création et la location de son site internet. Le contrat conclu était un contrat hors établissement et intégrait une clause de renonciation au droit de rétractation.
En raison d’une inexécution contractuelle, le client allègue qu’il n’a pas valablement informé de son droit de rétractation et assigne en justice le prestataire pour demander la nullité du contrat. Le prestataire avance le moyen selon lequel le contrat de création du site internet relève des contrats pour lesquels le délai de rétractation n’est pas applicable, dès lors que la création du site internet répondait aux spécifications du client.
Les exceptions au droit de rétractation pour un bien nettement personnalisé
En effet, il convient préalablement de rappeler le principe général selon lequel un contrat conclu à distance ou hors établissement entre un professionnel et un consommateur doit donner lieu à l’application d’un délai de rétractation de 14 jours, en application de l’article L121-18 du code de la consommation.
L’article L121-18 du code de la consommation prévoit des cas d’exclusion du droit de rétractation, notamment en présence d’un contrat de fourniture d’un bien confectionné selon les spécifications du consommateur ou lorsque le bien est nettement personnalisé (article L121-28, 3° du code de la consommation).
Pour contredire le requérant, le prestataire avance principalement trois arguments. Le premier porte sur l’inapplicabilité du droit de la consommation, le second porte sur le caractère nouveau de la demande et le troisième porte sur l’inapplicabilité du droit de rétractation à un contrat portant sur la fourniture d’un bien personnalisé.
L’analyse de la Cour d’appel sur le droit de rétractation
Tout d’abord, s’agissant du premier argument, la Cour d’appel rappelle que l’article L221-3 du code de la consommation prévoit que certaines dispositions du droit de la consommation, notamment les dispositions relatives au droit de rétractation, applicables aux relations entre consommateurs et professionnels, sont étendues aux contrats conclus hors établissement entre deux professionnels, dès lors que l’objet de ces contrats n’entre pas dans le champ de l’activité principale du professionnel sollicité et que le nombre de salariés employés par celui-ci est inférieur ou égal à cinq. Elle en déduit l’applicabilité des dispositions sur le droit de rétractation.
S’agissant du second argument, le prestataire indique que le requérant a sollicité en première instance la résolution du contrat conclu le 22 octobre 2019, alors qu’en appel il a demandé la nullité à titre principal, et la résolution à titre subsidiaire. Pour rejeter cet argument, la Cour d’appel rappelle la jurisprudence de la Cour de cassation selon laquelle, lorsque des prétentions reposent sur des fondements juridiques distincts, mais tendent aux mêmes fins, à savoir l’anéantissement rétroactif du contrat litigieux, la demande portant sur un fondement juridique distinct ne doit pas être appréciée comme une demande nouvelle (Cour de cassation 1re Civ., 24 novembre 2021, pourvoi n° 19-19.036).
Un site internet est-il un bien nettement personnalisé ?
Enfin, s’agissant du troisième argument, la Cour d’appel constate le contrat en cause est un contrat prévoyant la création d’un site vitrine « standard » (menu, articles, photos’), incluant un formulaire de contact, la création et l’hébergement d’une adresse e-mail et d’une base de données ainsi qu’un suivi de référencement trimestriel. Quelques options ont été « cochées » dans la liste proposée : flash-info, diaporama, newsletter, et témoignages.
Au regard de ces éléments la Cour d’appel de Douai considère que ces seules mentions ne démontrent pas en quoi le produit serait confectionné selon les spécifications du consommateur ou nettement personnalisé. En effet, elle considère que le prestataire aurait dû pouvoir justifier d’un cahier des charges ou d’instructions particulières propre à la volonté du client, ce qui empêche la qualification de bien nettement personnalisé.
En tout état de cause, La Cour d’appel de Douai précise que même si ce contrat portait sur un bien nettement personnalisé, la nullité du contrat est encourue du seul fait que le prestataire n’a pas informé le client de l’inapplicabilité du droit de rétractation, ce qui constitue un manquement à l’article L221-5 du code de la consommation.
Références : CA Douai 17-10-2024 n° 23/01154, Sté CKM Remorquage c/ Sté Cristal’Id
Découvrez nos services et outils associés
Produits, Consommation, Publicité
Rédaction de CGU d'un site, d'une plateforme ou d'une application
Vous êtes éditeur d’un site e-commerce, d’une application mobile ou d’une plateforme en ligne. Vous souhaitez exprimer leurs conditions d’utilisation à vos utilisateurs, tout en veillant à assurer le respect de vos droits de propriété intellectuelle, et en limitant votre responsabilité notamment du fait des contenus qui pourraient être postés par vos utilisateurs.
Vous êtes éditeur d’un site e-commerce, d’une application mobile ou d’une plateforme en ligne. Vous souhaitez exprimer leurs conditions d’utilisation à vos utilisateurs, tout en veillant à assurer le respect de vos droits de propriété intellectuelle, et en limitant votre responsabilité notamment du fait des contenus qui pourraient être postés par vos utilisateurs.
Produits, Consommation, Publicité
Rédiger des CGV pour les consommateurs
Vous souhaitez proposer à la vente ou à la location des produits ou réaliser des prestations de services à destination de vos clients consommateurs. Les CGV sont obligatoires lorsque le professionnel s’adresse à un consommateur en vertu des règles du Code de la consommation, afin de protéger le consommateur.
Vous souhaitez proposer à la vente ou à la location des produits ou réaliser des prestations de services à destination de vos clients consommateurs. Les CGV sont obligatoires lorsque le professionnel s’adresse à un consommateur en vertu des règles du Code de la consommation, afin de protéger le consommateur.
Produits, Consommation, Publicité
Rédiger des conditions générales de vente ecommerce
Vous souhaitez proposer à la vente ou à la location via votre site internet e-commerce des produits ou des services à destination de vos clients consommateurs.
Vous avez besoin de Conditions Générales de vente B to C qui soient personnalisées, adaptées à votre offre, et qui respectent les différentes conditions légales de façon à vous préserver de contrôles de l’administration.
Vous souhaitez proposer à la vente ou à la location via votre site internet e-commerce des produits ou des services à destination de vos clients consommateurs.
Vous avez besoin de Conditions Générales de vente B to C qui soient personnalisées, adaptées à votre offre, et qui respectent les différentes conditions légales de façon à vous préserver de contrôles de l’administration.
Produits, Consommation, Publicité
Contentieux du droit de la consommation et de la promotion des ventes
Gouache Avocats vous accompagne tant devant l'administration (DGCCRF) que devant les juridictions civiles et pénales pour le litiges relatifs au droit de la consommation.
Gouache Avocats vous accompagne tant devant l'administration (DGCCRF) que devant les juridictions civiles et pénales pour le litiges relatifs au droit de la consommation.
Produits, Consommation, Publicité
Contrôles de l’Administration économique (Répression des fraudes ou DGCCRF)
Vous faites l’objet d’un contrôle de la répression des fraudes (DGCCRF, DIRECCTE, DDPP ou DDCSPP) ou venez d’être informé par cette dernière d’un prochain contrôle.
Face à cette situation, vous avez besoin de :
• Mettre en place une méthodologie pour répondre efficacement à ce contrôle,
• Préparer vos interlocuteurs,
• Répondre aux notifications,
• Contester les éventuelles opérations de visite et sanctions.
Vous faites l’objet d’un contrôle de la répression des fraudes (DGCCRF, DIRECCTE, DDPP ou DDCSPP) ou venez d’être informé par cette dernière d’un prochain contrôle.
Face à cette situation, vous avez besoin de :
• Mettre en place une méthodologie pour répondre efficacement à ce contrôle,
• Préparer vos interlocuteurs,
• Répondre aux notifications,
• Contester les éventuelles opérations de visite et sanctions.
Et les ressources sur le même thème : "CGV BtoC"
Relations clients fournisseurs
Droit de rétractation et professionnels
Le droit de rétractation du Code de la consommation peut s’appliquer à des professionnels. L’article liminaire du Code de la consommation pose une distinction entre les consommateurs, les professionnels et les non-professionnels, définis respectivement comme suit : – consommateur : to…
Produits, Consommation, Publicité
Les contrôles DGCCRF sur les sites e-commerce
La directive n° 2011/83/UE du 25 octobre 2011 relative aux droits des consommateurs a profondément modifié le cadre juridique applicable à la vente en ligne. Transposée en droit français par la loi relative à la consommation et par son décret d’application du 17 septembre 2014, la loi a clar…
Produits, Consommation, Publicité
Droit de rétractation d’un abonnement en formule freemium
La Cour de Justice de l’Union Européenne a rendu un arrêt riche d’enseignements dans l’hypothèse de l’exercice du droit de rétractation d’un abonnement avec une période d’essai gratuite préalable à une période d’abonnement payante. Cet arrêt intervient à la suite d’un renvoi préjudiciel de l…
Produits, Consommation, Publicité
L’usage d’un formulaire de rétractation ne doit pas porter atteinte à l’intégrité du contrat
La Cour de cassation a rendu un arrêt le 20 décembre 2023 (21-16491) apportant un éclairage sur le formalisme du contrat, et notamment l’usage du formulaire de rétractation par le consommateur. Par un arrêt du 20 décembre 2023, la Cour de cassation s’est prononcée sur la faculté offerte a…