Refus de requalification en agent commercial

La Cour d’appel de Versailles refuse de requalifier en agent commercial un prestataire, chargé de la promotion de produits d’un laboratoire, qui succombe à démontrer qu’il a négocié de façon permanente des contrats de vente.

Un laboratoire pharmaceutique avait conclu un contrat de prestations de services avec une société chargée de promouvoir la vente de ses produits en Afrique de l’ouest.

Le laboratoire ayant résilié le contrat de prestation de services après neuf ans de relations, le prestataire l’a assigné devant le tribunal de commerce de Versailles afin d’obtenir la requalification du contrat en contrat d’agence.

Le tribunal a rejeté sa demande, le prestataire a alors interjeté appel devant la Cour d’appel de Versailles. 

Le prestataire faisait valoir plusieurs actions pouvant justifier sa requalification en agent commercial

Le laboratoire s’opposait à cette demande en faisant valoir que c’était lui qui était en charge des commandes, qu’il traitait directement avec les clients avec qui il négociait les conditions de vente. Le prestataire était selon lui uniquement en charge de la promotion des produits et sa représentation auprès des autorités locales était limitée. Enfin, le prestataire ne prouvait pas selon lui que ses prestations avaient apporté de nouveaux clients ou développé la clientèle existante.

La Cour donc procède à une analyse action par action : 

Le prestataire faisait valoir qu’il avait procédé à l’écoulement des stocks : la Cour considère que même si le laboratoire demandait au prestataire son avis en termes de quantité et de remises pour écouler les stocks, le prestataire n’avait pas la charge à titre permanent d’écouler les stocks ;
Le prestataire faisait valoir qu’il avait mis en place des actions pour augmenter les ventes : la Cour relève qu’une opération promotionnelle, l’envoi de deux factures et de six confirmations de commande restent des actions isolées dans le temps et ne sont pas permanentes ;
Le prestataire faisant valoir qu’il avait effectué des études de prix comparatives ou de validation des produits : la Cour relève que ces études s’inscrivaient dans le cadre d’une demande d’autorisation règlementaire pour un produit, ce qui relevait du devoir d’assistance prévu par le contrat de prestation de services et non pas d’une opération commerciale ;
Le prestataire faisait valoir qu’il avait géré des crises pour le compte du fabriquant : la Cour relève qu’il s’agissait d’une seule réclamation, demandant un suivi ponctuel ;
Le prestataire faisait valoir qu’il était chargé de la prise de commandes : la Cour relève qu’il ne prouve pas la récurrence des prises de commandes au long des 9 années d’exécution du contrat ;
Le prestataire faisait valoir qu’il avait trouvé des nouveaux marchés : faute de justifier le chiffre d’affaires effectivement réalisé, la Cour considère qu’il ne justifie pas d’avoir obtenu ces clients ;
Le prestataire faisait valoir qu’il avait animé des points de vente et formé des équipes : la Cour indique que ces activités ne caractérisent pas particulièrement la mission d’un agent commercial ;
De même, le prestataire faisait valoir qu’il avait conseillé le laboratoire sur le marketing et la communication : cela ne relève pas selon la Cour de l’activité d’agent commercial.

Dans ces conditions, le prestataire succombe à démontrer qu’il a, de façon permanente, négocié des contrats de vente, trouvé de nouveaux clients pour le compte du laboratoire et développé le volume d’affaires existants.

La Cour rejette donc sa demande de requalification en agent commercial.

Cette décision ne nous apporte pas de précisions concernant la notion de négociation, qui a considérablement été élargie par un arrêt du 4 juin 2020 de la CJUE « Transdetteuse » et a donné lieu à beaucoup d’articles à ce sujet, mais a le mérite de rappeler le cœur du métier de l’agent commercial, et l’importance de le prouver lors des demandes de requalification.

Cour d’appel de Versailles, 12e chambre, 2 juin 2022 20/05899

Découvrez nos services et outils associés

contentieux_des_contrats_de_distribution

Réseaux de distribution, Concurrence

Assigner ou se défendre contre un distributeur

Un litige vous oppose à un ou plusieurs de vos distributeurs ?

En matière économique, du fait de l’importance du facteur temps, il est souvent primordial de trouver rapidement un arrangement acceptable.

Avocats de réseaux de distribution, notre approche du contentieux réside en premier lieu dans la prévention et l’anticipation de ceux-ci.

Quand survient un contentieux, notre connaissance des réseaux de distribution et du droit de la distribution nous permet d’être très pro actifs à vos côtés pour la recherche et la production des preuves pertinentes. 

Un litige vous oppose à un ou plusieurs de vos distributeurs ?

En matière économique, du fait de l’importance du facteur temps, il est souvent primordial de trouver rapidement un arrangement acceptable.

Avocats de réseaux de distribution, notre approche du contentieux réside en premier lieu dans la prévention et l’anticipation de ceux-ci.

Quand survient un contentieux, notre connaissance des réseaux de distribution et du droit de la distribution nous permet d’être très pro actifs à vos côtés pour la recherche et la production des preuves pertinentes. 

Et les ressources sur le même thème : "Agent commercial"

Réseaux de distribution, Concurrence

Indemnité de cessation de contrat d'un agent commercial

  Edouard Bernin, commente ici une décision de la Cour d’appel de Bordeaux du 3 septembre 2015, relative à l’indemnité de cessation de contrat d’un agent commercial. Dans cet arrêt, un contrat d’agent commercial est rompu et l’agent sollicite le paiement de…

Réseaux de distribution, Concurrence

Faute grave de l’agent commercial découverte après la rupture et indemnité

La Cour de cassation confirme que seules les fautes graves causant directement la rupture du contrat peuvent priver un agent commercial de son indemnité compensatrice. Une protection accrue pour les agents, mais une gestion plus complexe pour les mandants. 

Réseaux de distribution, Concurrence

Le calcul de l’indemnité de l’agent commercial

Il n'y a pas lieu, aux fins d'évaluer l’indemnité de cessation du contrat de l’agent commercial, de tenir compte des circonstances postérieures à la cessation du contrat, telles que la conclusion par l'agent d'un nouveau contrat en vue de prospecter la même clientèle pour un autre mandant. 

Réseaux de distribution, Concurrence

Quel contrat choisir (mandat, agence commerciale, courtier) ?

Vous souhaitez recourir à des indépendants pour distribuer vos produits ou vos services tout en étant titulaire des contrats clients ? 

Contactez nos avocats

Premier rendez-vous de qualification de besoin gratuit