Les clauses essentielles du bail commercial
Bien préparé, un bail commercial protège votre activité et favorise son développement. L’expertise d’un avocat spécialisé vous permet d’anticiper les risques et de transformer un cadre légal contraignant en atout stratégique.
Le bail commercial est un contrat synallagmatique dont le contenu, bien que relevant de la liberté contractuelle, est encadré de manière stricte par les dispositions d’ordre public du statut des baux commerciaux, codifiées aux articles L. 145‑1 et suivants du Code de commerce.
La rédaction de ces contrats requiert une précision extrême, car toute ambiguïté ou omission peut générer des litiges coûteux ou des pertes de droits.
Dès lors, l’intervention d’un avocat spécialisé est cruciale pour sécuriser la relation contractuelle et anticiper les difficultés liées à l’exécution, la modification ou la rupture du bail.
Clauses relatives à l’objet, à la destination et à la durée du bail commercial
Ces clauses constituent le cadre fondamental de la relation locative et déterminent la liberté et les obligations du preneur comme du bailleur.
La désignation des locaux loués
Le contrat doit identifier avec précision les locaux principaux mis à disposition du preneur.
La jurisprudence insiste sur la nécessité de mentionner les locaux accessoires, tels que garages ou entrepôts, lorsque leur usage est indispensable à l’exploitation du fonds de commerce (Cass. 3e civ., 20 juin 2018, n° 17‑21.456).
En cas de litige, l’absence de précision peut remettre en cause l’application du statut des baux commerciaux et limiter la protection du preneur.
L’avocat joue ici un rôle déterminant pour veiller à la description exacte des surfaces, des dépendances et des usages associés.
La destination des lieux
La clause de destination fixe les activités que le preneur est autorisé à exercer. Conformément à l’article L. 145‑1 du Code de commerce, le preneur doit utiliser les lieux « suivant la destination qui lui a été donnée par le bail ».
Toute modification de cette destination, dite déspécialisation, est strictement encadrée par la loi et la jurisprudence.
La Cour de cassation a rappelé que toute utilisation non conforme à la destination convenue peut justifier des sanctions, y compris la résiliation du bail pour manquement (Cass. 3e civ., 14 juin 2018, n° 17‑18.873).
L’avocat intervient pour rédiger des clauses souples mais protectrices, autorisant certaines adaptations d’activité sans compromettre les droits du preneur.
La durée du contrat
La durée minimale légale d’un bail commercial est de neuf ans (C. com., art. L. 145‑4), bien que des durées spécifiques puissent s’appliquer à certains types de locaux, comme les résidences de tourisme.
La détermination de la durée est essentielle, car elle conditionne les droits au renouvellement et la possibilité de résiliation triennale par le preneur (C. com., art. L. 145‑5).
L’avocat peut conseiller sur les implications stratégiques de la durée, notamment en matière d’indemnité d’éviction et de révision du loyer.
Clauses financières du bail commercial : loyer, charges et travaux
Les aspects financiers sont au cœur des relations locatives et constituent une source majeure de contentieux.
Le loyer
Le loyer initial est librement fixé par les parties (C. com., art. L. 145‑33), mais sa révision est encadrée par deux mécanismes principaux : la révision triennale et la révision via clause d’échelle mobile.
- Révision triennale : conformément à l’article L. 145‑37, le loyer peut être révisé tous les trois ans, sur demande d’une des parties, à condition que le loyer ait été acquitté pendant trois ans. La Cour de cassation a précisé que le nouveau loyer ne peut excéder la variation de l’indice des loyers commerciaux, sauf modification matérielle des facteurs locaux de commercialité entraînant une variation de plus de 10 % de la valeur locative (Cass. com., 16 févr. 2008, n° 06‑15555).
- Révision via clause d’échelle mobile : l’article L. 145‑39 permet de réviser le loyer chaque fois qu’il varie de plus d’un quart par rapport au prix précédemment fixé. La jurisprudence a jugé qu’une clause d’indexation ne variant qu’à la hausse est réputée non écrite (Cass. 3e civ., 30 juin 2021, n° 19‑23.038).
L’avocat joue un rôle essentiel pour veiller à la rédaction des clauses de révision et à la précision des indices, évitant ainsi les litiges sur le montant du loyer en cours de bail.
Charges, impôts et travaux
Depuis la loi Pinel du 18 juin 2014, le bail doit contenir un inventaire précis des charges, impôts et redevances, avec leur répartition entre le bailleur et le locataire (C. com., art. L. 145‑40).
Les clauses imposant au preneur les grosses réparations (art. 606 du Code civil) doivent être interprétées strictement.
Les travaux liés à la vétusté ou à un vice de structure restent, en principe, à la charge du bailleur (Cass. 3e civ., 9 nov. 2016, n° 15‑22.314).
La vigilance d’un avocat permet de limiter les risques de contestation et de garantir la conformité du contrat à la législation et à la jurisprudence.
Obligations et droits des parties
Au-delà des aspects financiers, le bail organise la vie du contrat et les prérogatives de chacun.
Obligations du bailleur
Le bailleur doit délivrer le bien en bon état et garantir une jouissance paisible (C. com., art. L. 145‑1 et L. 145‑8). Il n’est pas tenu d’assurer une exclusivité commerciale, sauf clause expresse.
La rédaction précise de ces obligations protège le bailleur contre toute revendication injustifiée et sécurise le preneur.
Obligations du preneur
Le preneur doit utiliser les lieux « raisonnablement » et respecter la destination contractuelle (C. com., art. L. 145‑1). Certaines clauses imposent des obligations d’exploitation spécifiques, comme le maintien de l’ouverture commerciale.
Ces clauses, qualifiées d’essentielles par la jurisprudence, ne peuvent être modifiées unilatéralement lors du renouvellement (Cass. 3e civ., 6 févr. 2020, n° 19‑86.945).
Clause de cession et sous-location
Le bailleur ne peut interdire la cession du bail avec le fonds de commerce (C. com., art. L. 145‑16).
Les clauses restrictives sont strictement encadrées, et toute garantie du cédant ne peut être invoquée au-delà de trois ans (C. com., art. L. 146‑16‑2).
L’avocat est indispensable pour sécuriser ces clauses et éviter l’annulation ou la limitation des garanties.
Clauses relatives à la fin du bail commercial
La fin du bail constitue un moment sensible, dominé par les droits du preneur et les obligations du bailleur.
Droit au renouvellement
Le droit au renouvellement est central dans le statut des baux commerciaux. Selon C. com., art. L. 145‑10 et L. 145‑34, le preneur peut obtenir le renouvellement du bail, avec fixation du loyer à la valeur locative, sauf accord contraire.
La jurisprudence rappelle que le bail renouvelé est un nouveau contrat, mais les conditions générales du bail précédent s’appliquent, sauf pour le loyer (Cass. 3e civ., 6 févr. 2020, n° 19‑86.945).
Clause résolutoire
La clause résolutoire permet la résiliation automatique du bail en cas de manquement du preneur, le plus souvent pour non-paiement du loyer (C. com., art. L. 145‑41).
La Cour de cassation impose un commandement préalable et un délai d’un mois pour régulariser la situation. Toute clause réduisant ce délai est nulle (Cass. 3e civ., 11 mars 2021, n° 20‑13.639).
Indemnité d’éviction et droit au maintien dans les lieux
Lorsque le bailleur refuse le renouvellement, il doit verser une indemnité d’éviction au locataire (C. com., art. L. 145‑14 et L. 145‑28), calculée sur le préjudice réel subi, y compris valeur du fonds de commerce, frais de réinstallation et droits de mutation.
La jurisprudence précise que cette indemnité ne peut être plafonnée à la valeur vénale de l’immeuble (Cons. const., 5 mars 2021, n° 2020‑887 QPC). L’ancien locataire conserve le droit de rester dans les lieux tant que l’indemnité n’est pas réglée, condition essentielle à la protection de son fonds de commerce (Cass. 3e civ., 31 mai 2007, n° 06‑12.907).
Droit de repentir
L’article L. 145‑58 prévoit que le bailleur peut revenir sur une décision de non-renouvellement et proposer le renouvellement du bail, mesure qui s’exerce de plein droit et de manière irrévocable.
Cette faculté, encadrée par la jurisprudence (Cass. 3e civ., 24 janv. 2019, n° 17‑11.010), illustre la complexité des interactions entre droits du preneur et prérogatives du bailleur, et la nécessité d’un conseil spécialisé pour anticiper les effets juridiques.
Conclusion
La rédaction d’un bail commercial est un exercice technique exigeant. Chaque clause, qu’elle concerne la désignation des lieux, le loyer, la révision, la cession, ou la résiliation, comporte des implications juridiques importantes.
La jurisprudence démontre que le moindre oubli ou imprécision peut entraîner la perte de droits essentiels, tels que le renouvellement du bail ou le paiement de l’indemnité d’éviction.
Ainsi, bien que le statut des baux commerciaux fournisse un cadre légal protecteur, l’intervention d’un avocat spécialisé reste indispensable pour sécuriser le contrat, anticiper les risques et garantir que chaque clause est rédigée avec la précision nécessaire pour protéger les intérêts du preneur comme du bailleur.
Cette approche technique, rigoureuse et pédagogique assure que la relation locative s’inscrit dans un cadre juridique clair et sécurisé, limitant les litiges et renforçant la sécurité juridique de l’opération.
Découvrez nos services et outils associés

Immobilier commercial
Réviser en mark-up le projet de bail commercial
Dans le cadre de l'audit de votre projet de bail commercial, nous vous aidons à :
- Réduire vos coûts
- Sécuriser votre exploitation
- Donner de la valeur à votre emplacement
Dans le cadre de l'audit de votre projet de bail commercial, nous vous aidons à :
- Réduire vos coûts
- Sécuriser votre exploitation
- Donner de la valeur à votre emplacement

Immobilier commercial
Rédaction / Négociation de bail commercial
Dans le cadre de la négociation de votre bail commercial, nous vous aidons à :
- Réduire vos coûts
- Sécuriser votre exploitation
- Donner de la valeur à votre emplacements
Dans le cadre de la négociation de votre bail commercial, nous vous aidons à :
- Réduire vos coûts
- Sécuriser votre exploitation
- Donner de la valeur à votre emplacements
Et les ressources sur le même thème : "Rédaction ou négociation d'un bail commercial"
Immobilier commercial
Notre cabinet au Salon de l'Immobilier des Espaces Commerciaux 2025 !
Les 11 et 12 juin 2025, notre cabinet d’avocats, reconnu pour son expertise en droit des baux commerciaux, sera présent en tant qu’exposant au Salon de l’Immobilier des Espaces Commerciaux, qui se tiendra à Paris, Porte de Versailles. Cet événement incontournable du secteur de l’immob…
Immobilier commercial
Dénégation du statut des baux commerciaux en l’absence d’immatriculation des locaux
Les conditions strictes dans lesquelles un locataire, dont l’établissement n’est pas immatriculé au registre du commerce et des sociétés, peut avoir droit au renouvellement de son bail commercial et à une indemnité d’éviction en cas de refus de renouvellement, sont rappelées dans une décision de la Cour d’Appel de Paris du 4 avril 2024.
Immobilier commercial
Tentative du bailleur de contourner la révision L 145-39 du Code de commerce
Si par le jeu de l’indexation prévue au bail, le loyer augmente de plus de 25 %, le preneur est recevable à demander la révision du loyer à la valeur locative baissière. La période étant favorable aux demandes de révision à la baisse, certains bailleurs pourraient s’organiser pour empêcher l…
Immobilier commercial
Quelles sont les annexes obligatoires d’un bail commercial ?
Le Bailleur doit mettre le Preneur en mesure de conclure en pleine connaissance de cause. A défaut, le Bailleur s’expose à des sanctions et le Preneur pourrait remettre en cause l’existence même du bail commercial. Quelles sont donc les éléments d’information dont le législateur oblige la co…